En mai 1978, à propos d'une reproduction d'un dessin de Léonard de Vinci « où l'on voit face à face un vieil homme et un jeune homme effronté », Jean Guéhenno écrit : « Je ne veux retenir de la belle image du Vinci que ce sourire d'amitié qu'il y a dans les yeux du vieil homme. Il espère en son fils, et le fils le sait bien et il deviendra père et espèrera à son tour, et la grandeur de l'histoire des hommes n'est peut-être que celle de cette espérance. » in Le Monde, « Les pères et les fils », 23 mai 1978.
Quel témoignage ! Au soir de sa vie, Guéhenno est toujours en quête de l’ « état de vérité ».
Guéhenno qui a sous-titré son livre Changer la vie : Mon enfance et ma jeunesse, est resté fidèle à son enfance et à son « vieux pays ». Comme beaucoup de petits Fougerais, « le petit roi en sabots » a été mis en nourrice, à St Germain en Coglès dans ce « canton de l’univers où il fait toujours soleil » et où le « monde lui appartenait ». Quatre lieux lui étaient chers : Peïné ou le paradis perdu ; Fougères, la ville des chaussonniers où la grève de 1906 a été « la plus grande épreuve humaine à laquelle j’aie assisté » ; Montolieu où il a connu sa première femme, Jeanne Maurel, et Paris où il a vécu la majeure partie de sa vie en tant qu’étudiant, puis enseignant, journaliste et écrivain.
Vous découvrirez au fil des mots que Guéhenno était un Européen convaincu, un défenseur de la paix sauf en certaines circonstances, un éducateur dans l’âme, un grand humaniste et que, pour tous ces engagements il est toujours un homme d’aujourd’hui.
Dès 1930, il écrivait : « L’Europe est notre vraie patrie. » Ayant connu deux guerres mondiales, sa principale préoccupation a été de défendre la paix, sauf en juin 1940 lorsque le Maréchal Pétain demande l’Armistice. Le vieux « professeur ridicule », comme il se définissait lui-même, n’a eu de cesse de louer ses frères éducateurs, ces « pédagogues amoureux » qui ont pour mission de mettre les hommes en « état de vérité », le premier des droits selon lui. S’il se vante de n’aimer pas croire, toute sa vie a été celle d’un homme de foi, mais d’une foi en l’homme. Pour lui, l’humanisme est une « religion de l’homme ».
Le livre est un « outil de liberté » comme indiqué sur la plaque commémorative de la rue Pierre Nicole où habitait Guéhenno. Écrire est une « manière de vivre » pour Guéhenno et s’il écrit, c’est pour « apprendre aux hommes à espérer ».
Comment conduire « sa » vie ? Dans la « clairière des destins », « on ne change pas sa vie à soi seul », il faut, pour la changer, « changer aussi la vie des autres » ; mais « chacun a son dictionnaire...»
Comme son « vieux » Rousseau, Guéhenno était un homme de « confessions », mais pas de concessions : dès son plus jeune âge, il avait décidé d’être bachelier pour protester contre « un monde injuste et mal fait ». Son travail aura été son « plaisir », sa « vie même », par contre, son « principal chagrin » aura été de finir sa vie loin des « hommes simples » qu’il a aimés.
Guéhenno a énoncé un certain nombre de vérités sur l’égalité des chances, le pouvoir de l’éloquence, la culture vraie, les vrais hommes et la vraie vie : « nous rêvons une vie, nous en vivons une autre, mais celle que nous rêvons est la vraie. »… et nous a fait part de ses aversions, notamment pour la violence, car « aucune violence n’a ajouté à la grandeur des hommes ».
Puissent ces citations glanées au fil des mots, vous inciter à lire ou relire les ouvrages de Guéhenno, l’un des acteurs majeurs de la vie intellectuelle et politique français entre les deux guerres mondiales.
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques et à nous signaler d’autres citations de Guéhenno.
François Roussiau.
Couleur de l’âme
Le vieux pays
Ma jeunesse…
Le monde m’appartenait…
Petits sabots de bois noirs
Nourrice
Nous n’avions qu’une seule chambre…
Mon père
Ma mère
Orange de Noël
J’étais employé au bureau…
Batailles pour un sou
Grève de 1906
Quand le travail allait bien…
J’écris ces pages…
Lieux chers à Guéhenno
Peïné : le paradis perdu
Fougères est pour moi…
Montolieu, la colline St Roch
Paris
Européen d’abord
Le plus humble des Européens
L'Europe est notre vraie patrie.
La conscience européenne
Je me souviens de mes promenades…
L’esprit européen
Une certaine idée de l’homme
Il n'y aura de véritable Europe
Défendre la paix à n’importe quel prix ?
Guerre
Douze millions de morts pour rien
Morts pour rien
L’immense cadavre de la jeunesse étendue…
La guerre est un désastre
Dans un champ de betteraves
Pire que la guerre : la servitude
Éducateurs, mes frères
Apprendre à se construire
Artiste
Clarté
Curiosité
École
Éducation
Enseignants-chercheurs
État de vérité
Former des hommes
Instruction
Pédagogues amoureux
Travail utile
L’humaniste
Charité
Homme authentique
Homme authentique
Homme de série
Hommes sans histoire
Hommes vrais
Humanisme
Droit à la vérité
L’écrivain et le livre
Apprendre à espérer
Qu’est-ce qu’écrire ?...
Un écrivain…
Un lecteur …
Le livre…
La vraie lecture
Bien lire
Conduire « sa » vie
Andante
Chacun a son dictionnaire
Changer la vie
Clairière des destins
Un beau conte
Esclaves
Inégalité des esprits
Donner un sens à notre vie
Songes
Le temps de vivre
Vingt ans
Vivre sa vie
Visages de ceux que j’aime…
Confessions
Aimer ! La merveilleuse audace !...
Je serais bachelier…
Vive le bachot !
Caliban parle !
Fées
Grands efforts
Quand un homme…
Homme de foi
Hommes simples
Jean-Jacques…
Mémoire
Révolte au cœur
Roman
Je vais m’enfoncer dans le silence
Mon travail…
Vérités « guéhenniennes »
Amitié
Ce que je crois
Démocratie
Dignité
Égalité des chances
Éloquence
Fidélité à soi-même
Imagination
Liberté
Maître
Regard des autres
Rêves
Révolution
La vraie culture
Les vrais hommes
La vraie vie
Sagesse
Sincérité
Un petit garçon…
Philosophie
Aversions « guéhenniennes »
Autorité
Chefs
Grèves actuelles
Hommes avilis
Philosophes
Savoir c'est pouvoir
Vanité
Violence